2ème Cimenterie: Le Cameroun explore maintenant la piste nigériane
Trois mois pour implanter l’usine
C’est ce qui ressort d’emblée de la rencontre que le ministre du
commerce (MINCOMMERCE) est la rencontre avec le président de DANGOTE le 7
janvier 2011 à Yaoundé. Le projet d’installation d’une 2ème cimenterie
au pays a été le principal point au menu des échanges avec Luc Magloire
Mbarga et Aliko Dangote. L’industriel nigérian se donne trois mois pour
implanter cette usine au pays à partir de l’obtention du permis de la
part du gouvernement qui est une sorte de quitus. Aliko Dangote compte
commencer d’abord par un broyeur d’une capacité de production annuelle
de 1,2 tonnes avant de poursuivre quelques semaines plus tard avec les
autres compartiments. Le montant des investissements prévus pour le
projet est de 12 milliards de Fcfa. Cet investissement intègre le projet
de développement d’une autonomie en matière d’énergie en installant des
groupes électrogènes. Une fois le permis du gouvernement camerounais
obtenu, le délai d’installation de l’usine est de 90 jours et nous
allons tout faire pour respecter ce délai, rassure le milliardaire
nigérian, en souhaitant vivement que le Cameroun bénéficie des retombées
de la coopération que son groupe a décidé de lancer en direction des
pays africains avec pour ambition d’atteindre dans les prochaines années
une production de 50 millions de tonnes. Le groupe Dangote côté à 30 milliards de dollars à la bourse de Lagos possède une des plus grandes usines de production de ciment de tout le continent africain.
Le Cameroun veut composer avec DANGOTE, un groupe nigérian possédant l’une des plus grandes usines de production de ciment dans le continent africain
Fin du monopole de Cimencam
Si le gouvernement accède à l’offre du nigérian, le Cameroun sera le
troisième pays en Afrique centrale, après le Gabon et le Congo où le
groupe vient de signer deux accords respectifs pour l’installation dans
les prochains mois de deux entreprises. En Afrique de l’Ouest, le groupe
est installé en Côte d‘Ivoire, au Ghana, Bénin et est en cours
d’installation en Sierra Léone et au Sénégal. Le groupe est également
installé en Afrique du Sud, Zambie, Ethiopie et Tanzanie où il œuvre
dans la production et la distribution du ciment. Aliko Dangote a produit
en 2010, 8 millions de tonnes de ciment et compte augmenter sa capacité
de production de 20 millions de tonnes supplémentaires en 2011 avec
pour objectif d’atteindre 30 millions de tonnes en 2013. Le groupe
possède par ailleurs 4 000 camions remorques pour le transport.
L’ouverture de cette usine mettra fin au monopole des Cimenteries du
Cameroun (CIMENCAM) et beaucoup y voient déjà plusieurs avantages. C’est
le cas des associations de défense des droits des consommateurs. L’ouverture
d’une deuxième cimenterie va diversifier l’offre et surtout créer une
situation de concurrence et donc forcément une baisse du prix du produit
de ce matériau de construction dont les prix restent étrangement élevés,
commente un président d’une des associations sous le sceau de
l’anonymat. Ce même sentiment d’optimisme est partagé par le
MINCOMMERCE. Cette proposition arrive au bon moment dans la mesure où
le Cameroun vient de lancer l’exécution des grands projets structurants
- port en eau profonde de Kribi, barrages hydroélectriques, autoroutes,
2ème pont sur le Wouri … - qui nécessitent l’utilisation d’énormes
quantités de ciment dans le cadre de la mise en œuvre de la politique
des grandes ambitions du chef de l’état et dans la perspective de faire
du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, déroule Luc Magloire Mbarga Atangana.
Mort du projet AFKO Cement
Mais pour l’instant, convient-il de préciser, il ne s’agit que
d’échanges. De négociations. Rien n’a été encore signé. On est encore
dans la phase des pourparlers. Des projets. Après cette audience, Luc
Magloire Mbarga Atangana a promis de faire le compte-rendu à la hiérarchie.
C’est donc cette hiérarchie qui tient les clés de ce projet. C’est à ce
niveau où le bât blesse quand on sait la manière étonnante avec
laquelle le gouvernement a géré les projets similaires. AFKO Cement à
Limbé notamment. En effet, depuis au moins deux ans une 2e cimenterie
devait être implantée à Limbé, du côté de Ngueme, sur la route de la
Société nationale de raffinage du Cameroun (SONARA). La cérémonie de
pose de la première pierre a eu lieu il y a environ deux ans. Un
matériel important y a été déchargé. Des bureaux construits. Puis,
après, plus rien. On en parle plus. Le projet a carrément été mis dans
les tiroirs. Sans explication. Même si certains initiés y voient une
main basse du groupe Lafarge qui, d’après eux, fait tout pour garder le monopole au Cameroun.
Un argumentaire balayé directement par les représentants locaux. Forts
de cette triste expérience, ils sont nombreux ceux qui évitent de se
hasarder dans cet optimisme béat et préfèrent attendre l’évolution et
l’engagement des pouvoirs publics. Ils se demandent ce que va devenir ce
projet qui a déjà aspiré beaucoup de millions mais quoi qu’il en soit,
l’offre en ciment est une préoccupation au Cameroun. En mars 2010 par
exemple, la multinationale Fortress convenait avec les autorités d’une
importation de 100.000 tonnes de ciment mais avec les grands projets
immobiliers qui s’annoncent, cette offre est ridicule.